lundi 15 août 2011

Ces fiers coqs, ou l'énigmatique fierté de l'inné


On entend régulièrement s’exprimer la fierté  d'appartenance dans tous les pays du monde, à travers ces mots : « je suis fier d’être français », « I’m proud of being American », « estoy orgulloso de ser español », « 日本人であることを誇りを思う» pour ne citer que quelques exemples.

D’où vient cet étrange sentiment de fierté d’appartenance à un pays ?


Ce qui est d’autant plus mystérieux, c’est que ce sentiment de fierté, ou du moins son expression orale, bien qu’elle soit en générale associée dans l’inconscient collectif à un certain nationalisme, se laisse entendre en réalité indépendamment de l’orientation politique des locuteurs. Et au passage, sa fréquence d’utilisation augmente bien souvent en période de campagne présidentielle...


Mais commençons par nous remettre à l’esprit la signification de la fierté : c’est, comme mon dictionnaire l’indique, « un sentiment d’orgueil, de satisfaction légitime de soi. »


Pour être satisfait de soi, il faudrait déjà avoir agi de manière à l’être !

Or, le seul fait d’appartenance à un pays ne relève, s’il ne provient d’une démarche volontaire, d’aucun acte justifiant une quelconque auto-satisfaction. Il se rapprocherait plutôt d’un caractère inné que d’un acquis. On peut saluer la chance ou encore se réjouir de caractères innés reçus par notre naissance, mais en être fier serait déplacé.


Les seules personnes ayant légitimement le droit d’être fières sont celles qui ont obtenu une nationalité par choix personnel, au prix des efforts accompagnant l’acte volontaire et conscient (ce qui implique de croire au libre-arbitre et à l’acte volontaire conscient chez l’homme, mais c’est un autre thème que je ne débattrai pas ici).


Toutes les autres, politiciens et autres orateurs inspirés, feraient mieux d’arrêter de s’enorgueillir de manière injustifiée d’une naissance qu’ils n’ont pas choisie, et de chercher ailleurs dans leurs actes délibérés des motifs de fierté !